jeudi 2 octobre 2008

Les textes définitifs : 1984


S'inspirant à la fois du totalitarisme soviétique et du fascisme allemand et italien, George Orwell a écrit, en 1948, le roman le plus tristement prémonitoire de la littérature : 1984.

Le monde est séparé en trois blocs se livrant une guerre perpétuelle pour la mainmise sur la quatrième partie, guerre qui se déroule au gré des alliances : l'ennemi d'aujourd'hui est l'allié d'hier ou celui de demain.
Dans l'un de ces blocs, l'Angsoc, Winston Smith, membre de la classe intermédiaire, travaille au Ministère de la Vérité, chargé en permanence de falsifier les archives afin qu'elles correspondent à la situation présente.
La langue parlée est un mélange d'anglais et de novlangue, la nouvelle langue fabriquée à partir de mots accolés, appauvrie, destinée, à terme, à remplacer l'anglais pour ne plus permettre que des échanges et des pensées dénués de sens critique.
Le lavage de cerveau de la population est obtenu par la répétition rituelle de slogans comme : 2+2=5.
Tous les membres du Parti sont sous surveillance permanente, grâce à des télécrans, de la Police de la Pensée qui traque les déviances, tandis que des affiches placardées sur les murs de la ville montrent le visage bienveillant du Chef Suprême de Parti, Big Brother, avec ce texte :

BIG BROTHER VOUS REGARDE

Message d'amour, avertissement, menace ?

Voilà les grandes lignes. Pour savoir le reste, comment Winston se révolte et se fait baiser en canard, tu n'as qu'à lire le bouquin, tu ne perdras pas ton temps. T'as pas de pognon, c'est pas mon problème.

Maintenant tu te tais, c'est l'heure de la Pub :



J'ai dû acheter (ou voler, je ne sais plus) ce bouquin dans les années 60. J'étais jeune alors et 1984 était dans une éternité, donc je l'ai vraiment lu comme de la science-fiction (à l'époque on ne parlait pas encore d'anticipation). D'autant plus qu'on n'était pas loin de Mai 68 et que dans nos esprits aussi juvéniles que cons, les dictatures étaient derrière nous, à l'âge de pierre comme qui dirait.
Le temps de me persuader que je l'avais, le temps, on était déjà en 1984 et j'avais pris une vingtaine d'années dans la tronche.
Je me souviens (un jour je te parlerai de Perec) que, dès 1983, le livre d'Orwell a commencé à envahir les têtes de gondoles et que ses éditeurs se sont frottés les mains. Je pense que ceux qui l'ont découvert à ce moment-là ont dû être un peu déçus. Ah, bon... Bof... Y a rien qui correspond... Eh oui ! Les élucubrations d'Orwell avaient un arrière-goût de prédiction de Paco Rabanne. C'était en 1984.

Seulement voilà... on est en 2008 et là, on s'aperçoit qu'Orwell s'est juste trompé sur la date, vingt ans de décalage (Rabanne s'est aussi trompé sur la date, mais lui, c'est à quelques milliards d'années près). On est en plein roman !
Nos gosses parlent en novlangue, 300 mots de vocabulaire parcimonieusement distillés par des émissions télé ineptes. Et quand ils inventent un nouveau mot, c'est juste pour en remplacer un autre. "C'est relou" à la place de "c'est lourd", ça change quoi ?
La guerre économique a lieu entre des grands groupes qui se font et se défont en phagocytant tout ce qui est petit et faible.
On écrit le futur à l'avance en serinant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles (un jour je te parlerai du Candide) et que 2+2=5, parce que si on prend ta petite épargne de ton petit livret A pour financer les gros parachutes des gros bonnets après avoir épongé leur merde, c'est tout bénef pour toi. Tu n'as rien à craindre.
Et rien à craindre non plus pour ta liberté de parler, de te déplacer, de penser (non, je ne te parlerai jamais de Florent Pagny). Même si tu es entouré de radars, de caméras, bientôt de micros. Même si tu es fiché, surfiché, sans même savoir où, ni par qui, ni pourquoi.

Tu n'as rien à craindre si tu n'as rien à te reprocher, mais surtout si personne n'a rien à te reprocher.
Un Londonien est filmé 300 fois entre son domicile et son lieu de travail. 300 fois en attendant l'installation de nouvelles caméras.
Orwell était Anglais et 1984 se passe à Londres.
Si ce n'est pas avoir le nez creux !...

Bon, Toto, pour ce qui est de la webcam que tu m'as demandée, euh... je vais réfléchir.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Aaaaah, enfin la chronique tant attendue. Autant dire qu'on est pas déçu du voyage (mais s'agit-il d'un voyage ? Voilà qui est effrayant).
Je ne la connaissais pas : la pub est super. Avec ce qu'il faut d'ironie : Big Brother récupère décidément tout !
Y compris, peut-être, sûrement, un jour ou même maintenant, jlcheche.
A bientôt.
Antoine Chainas.
P.S : Je ne me lasse pas de laisser des commentaires sur ce blog. Si je suis envahissant, il faut le dire. Contribuez, contribuez, Big Brother vous salue bien.

Anonyme a dit…

P.P.S : Maintenant, on attend Perec et Voltaire, alors ?
Antoine Chainas.

Jlcheche a dit…

Un lecteur assidu, c'est mieux que rien. Y a Toto aussi qui me lit régulièrement, mais lui, ses seuls commentaires, c'est de fermer et de redémarrer avant les sauvegardes.
Perec sera dans les définitifs avec la Disparition, en compagnie d'Asimov et de ses Robots.
Voltaire, peut-être un jour, mais dans une autre rubrique.

Jlcheche a dit…

Comme on y va par deux messages à la fois et qu'en plus Blogger enregistre mes réponses comme des commentaires, on en est à 4 commentaires pour un seul billet !

Anonyme a dit…

Enfin un bouquin que j ai lu et qui m'a marqué . L'auteur a 60 ans d'avance .Je pensais à l'époque où j'ai lu le livre que tout cela n'existerait pas , mais j'ai bien peur que oui. La pub me fait peur (dans une société ou ne pas être un mouton est difficile)
A plus .
PATCHY