samedi 4 octobre 2008

Aux chiottes, l'écologie...



Je te parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ©, celui où le papier toilette n'existait pas. Et comme, bientôt, il n'existera plus, ce billet d'anthologie servira à l'édification des générations futures (de la chiance-fiction, si tu veux). On va déjà supprimer le mouchoir jetable, après ce sera le tour de l'essuie-tout, enfin adviendra la disparition du PQ. Moi, je suis pour, parce que ça fait quand même beaucoup d'arbres pour pas grand-chose. En attendant, j'ai mis de côté un rouleau de Lotus™, un de Sopalin™ et un paquet de Kleenex™. Dans 20 ans, je revends ça sur Ebay ®, je me fais les couilles en or.

Donc, je vais t'expliquer par le menu la chierie de l'époque (quand je dis "menu" et "chierie", je n'évoque pas le Best Of ® de Mc Do ®, que ce soit clair).

Une petite parenthèse, parce que je commence sérieusement à fatiguer. Je voudrais que les amères loques cessent de nous gonfler avec leurs copyright, trade mark et autre registered. Je n'ai pas que ça à faire d'aller chaque fois dans la table de caractères pour copier-coller leurs logos à la con. Fermez la parenthèse.

Revenons à nos étrons.
Mon but n'est pas, tu t'en doutes, de pondre un historique détaillé et argumenté du pipi-caca (c'est pas le genre de la maison).
Je ne remonterai pas à l'Homme de Cromagnon qui, certainement chiait sans se faire chier là où il était, en vérifiant juste avant si un tigre à dents de sabre ne traînait pas dans le coin.
Je ne parlerai pas des Romains qui déféquaient en choeur sur des chiottes en pierre ou en marbre (pour les culs les plus fins), tout en taillant le bout de gras, se libérant, comme dit l'historien, à la fois le corps et l'esprit.
Je ne t'emmènerai pas non plus à Versailles où les courtisans, faute d'endroit adéquat, allaient se soulager dans les coins les plus obscurs, obligeant les valets ramasseurs de merde à un jeu de piste qui tenait du parcours du combattant. Pour Louis XIV, pas de problème, il s'installait tous les matins sur sa "chaise d'affaire", entouré d'une floppée d'admirateurs fiers d'avoir été invités à un spectacle de qualité (surtout quand le Roi Soleil avait bouffé de la tarte à la rhubarbe).

Non, je vais me cantonner au milieu du 20e siècle, la meilleure période, celle où j'étais petit et où j'avais la même culture que mon père et mon grand-père, ce qui évitait bien des désagréments d'aujourd'hui (oeil rêveur, larme perlant à la paupière, reniflement, etc...).
C'était l'époque où on ne jetait rien qui ne soit récupérable. L'époque du rémouleur, du marchand de bouteilles et du chiffonnier. L'époque où les mecs aiguisaient leurs lames de rasoir et où les femmes reprisaient leurs bas. L'époque où, à la fin de l'année scolaire, on faisait un tour chez le cordonnier, pour remettre à neuf en vue de la prochaine rentrée chaussures et cartables. L'époque où on retournait cols et poignets de chemises quand ils étaient effilochés, où, avec deux draps déchirés ou usés, coupés par le milieu, on en faisait un en bon état, récupérant les moitiés abîmées pour en faire des torchons ou des chiffons à poussière.

L'époque où, une fois que tu avais lu ton journal, tu le mettais sur une pile que tu gardais dans le coin d'un placard. Quand cette pile était trop importante, tu attendais l'heure de passage du chiffonnier auquel tu donnais tes vieux journaux et les vieux chiffons dont tu ne pouvais rien faire et qu'il refourguait pour que tout ça redevienne du beau papier journal et la boucle était bouclée. Sinon, tes journaux tu pouvais aussi les filer au poissonnier, car c'est dans des feuilles de journal qu'il emballait le poisson (jusqu'au jour où on le lui a interdit sous prétexte que l'encre d'imprimerie contient du plomb et que le plomb, les industriels préfèrent le mettre directement dans le poisson plutôt qu'autour). Ensuite tu tapais dans la pile pour tapisser le fond de la poubelle ou la litière du chat. Enfin, tu prenais un journal, tu le découpais en petits rectangles que tu accrochais à un clou à portée de main du siège d'aisance et tu te torchais les fesses avec.
Tu avais compris que c'était là que je voulais en venir ?



Plaidoyer pour la presse :
Les quotidiens, c'est l'avenir. Pour nos enfants, sauver la presse, c'est leur garder le cul propre. Et ça peut même sauver des vies (en même temps que la planète) : dans la première mouture du scénario du Temple du Soleil, on voyait un Aztèque (ou un Inca ou un Maya, ils ont tous la même tronche ces gens-là) en train de caguer dans un coin et de s'essuyer avec un morceau de journal ; Milou, fouille-merde comme tu le sais, va chercher le bout de papier pour jouer avec (il adorait le parfum) ; cette séquence a été coupée au montage, mais tu connais la suite ; attiré par l'odeur, Tintin pique le papier à Milou, éclipse de soleil, etc., etc. Je ne t'en dis pas plus.

Alors, Toto, merdique, mon billet ?
Billet de chiottes toi-même ! Non, mais...

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