dimanche 23 novembre 2008

Les lois du hasard ou le mélange des genres

















Chapitre 1 : Le jour où j'ai failli avoir le Nobel de littérature.


Un train entre Paris et Nice.
Un train d'hier, avec le couloir qui longe les compartiments sur un côté du wagon.
J'avançais en tanguant, quand, levant les yeux, je vois venir vers moi... Johnny.
Oui, tu as bien lu, Johnny himself, le nôtre, le seul, l'unique Johnny Hallyday.
Celui pour qui les filles s'arrachaient le slip et les garçons cassaient les fauteuils.
Avec ses cheveux blonds ondulés et ses yeux bleu clair.
Nos regards se sont croisés trois secondes, quatre peut-être, le temps de se rejoindre, d'effectuer une petite passe tauromachique et de poursuivre chacun notre chemin : le sien jalonné d'or, de myrrhe et d'encens, le mien de centimes et de crottes de chien.
Sacré Johnny ! Sa timidité maladive l'a retenu de m'aborder. Dommage ! On aurait fait connaissance, on serait devenus copains, j'aurais passé l'été à Saint-Tropez et l'hiver à Los Angeles et j'aurais profité comme tant d'autres de sa générosité pour m'en mettre plein les poches.
Tant pis pour lui. Fin d'une belle amitié.

Tout ça pour en venir au fait.
A quelque temps de là, je traînais mes guêtres dans un village de l'arrière-pays niçois, ne me demande pas où ni pourquoi, ça ne te regarde pas. Je te plante juste le décor.

Donc un village.
Pas loin, Nice.
Une amie qui connaît des artistes et que nous appellerons Mireille, pour que cette histoire fleure bon la Provence (en fait, c'est son nom). Elle me fit rencontrer Claude Réva à ses débuts et je me fendis de quelques sous pour acheter son disque A contre courant, disque qui comportait, entre autres chansons engagées, une réponse à Mourir pour des idées (le monde est petit).
Un livre que je venais de lire : Le procès verbal de Le Clézio, un premier roman à tomber par terre écrit par un type à peine plus vieux que moi.

Un jour, Mireille me propose d'aller casser la graine à Nice avec quelques-uns de ses amis dont Claude Réva et un certain Jean-Marie l'écrivain. Ah bon, un écrivain ? Jean-Marie Le Clézio, tu connais ? Ben merde alors ! L'occasion de rencontrer ce mec de presque mon âge, déjà une célébrité, dont le roman m'avait laissé sur le cul, tu parles que j'étais d'accord.

Chapitre 2 : Le jour où j'ai eu le Nobel de littérature.

Comme tu peux t'en douter, ce repas n'a pas eu lieu pour quelque obscure raison. Sans quoi je ne serais pas là à te tenir la jambe. Je serais devenu pote avec Le Clézio, il m'aurait poussé à écrire, j'aurais pondu des best-sellers et je serais en train de me dorer la couenne en Amérique du Sud.
Le Clézio a poursuivi son chemin parsemé d'or, de myrrhe et d'encens, tandis que je poursuivais le mien plein d'ornières et de pièges à cons.

L'autre soir, je comatais devant ma télé en agitant mollement mes orteils dans mes charentaises, lorsque je vois qui, dans le poste ? Je te le donne en mille. Non, pas Johnny, essaye un peu de suivre. Le Clézio himself en personne, qui venait de recevoir le prix Nobel de littérature. Celui-là même dont j'avais lu le livre (le premier, il paraît qu'il en a écrit d'autres depuis). Je ne peux pas me départir d'une certaine fierté, conscient d'être un peu pour quelque chose dans cette reconnaissance.
Sacré Jean-Marie !

Dis donc, Toto, tu es prié de ne pas faire n'importe quoi quand tu traduis ma frappe.
Dans l'en-tête du chapitre 1, j'avais tapé "voir" et non "avoir".
Et dans celui de chapitre 2, j'avais tapé "vu" et non "eu".
Fais gaffe.

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